lundi 13 août 2018

J'étais en collège ZEP



J'ai regardé Entre les Murs sur Netflix, un film français qui traite de l'enseignement dans un collège en zone d'éducation prioritaire. S'il a beau dater de 2008, je ne l'avais pourtant jamais vu.

Au bout de 20 minutes de visionnage, j'ai été frappé par des flashbacks de mes années de collège : j'ai moi aussi était en collège ZEP. Cela va vous paraître bête dit comme ça, mais j'avais presque oublié.

J'avoue que je n'ai que très peu de souvenirs de cette période et je me demande si je n'ai pas fait le choix inconscient de tout effacer de ma mémoire. Je ne me souviens plus très bien des couloirs, des salles de classes, de la majorité de mes professeurs... Mais en fouillant bien, j'ai quelques souvenirs qui me viennent à l'esprit et qui font écho à certaines scènes du film. 

J'ai des souvenirs de cours où il y avait toujours au moins un élève qui se faisait virer, de cours où il était difficile d'entendre le prof parler, où certains nous laissaient sortir avant l'heure tellement c'était épuisant pour eux de faire cours. Je me rappelle des cours interrompus par les alarmes incendies déclenchées volontairement, de ceux où personne ne faisait ses devoirs et où les corrections duraient l'heure entière. Aux tricheries pendant les contrôles, aux profs qui se faisaient insulter, ceux qui sont toujours absents et jamais remplacés, les heures de permanence où les surveillants n'arrivaient plus à nous maîtriser et j'en passe. 

J'ai été première de classe en ZEP. 

Ca a pas toujours été facile à porter, car je me suis souvent sentie en décalage par rapport aux autres. Je ne venais pas non plus d'une famille particulièrement "favorisée" mais j'avais un entourage qui valorisait l'école et qui m'avait fait prendre conscience de son importance. Je me souviens d'un prof de maths que j'avais particulièrement adoré. Il était très jeune et avait la mentalité qui avait avec donc c'était un des rares professeurs qui arrivait à se faire respecter assez facilement. Il prenait le temps d'expliquer, savait rire de temps en temps mais nous recadrer lorsqu'il le fallait. C'était en cinquième et je crois que c'est à ce moment-là que j'ai découvert que j'aimais les maths. 

Après la troisième, je suis entrée en lycée général dans une ville à côté, toujours en public, mais dans un plus beau quartier et plus labellisé ZEP. Peu de gens de mon lycée y ont été acceptés. Je me suis ainsi fait de nouveaux amis et je n'ai quasiment plus jamais côtoyé personne de ce collège. 

En écrivant la fin de cet article, je me souviens de ma mère qui me disait régulièrement que si on voulait réussir, on pouvait le faire dans n'importe quel établissement, qu'il fallait juste s'en donner les moyens.
Aujourd'hui et avec du recul, je ne regrette pas d'avoir été dans ce collège. Cela n'a pas été facile, je le répète, mais cela m'a permis de côtoyer des gens de milieux sociaux variés et d'apprendre à voir plus loin que les apparences et les stéréotypes. 

Parfois, je croise des visages familiers. Certains ont réussi à s'en sortir mais d'autres ont mal tournés et continuent de traîner dans les rues. Cela me fait de la peine souvent, qu'ils n'aient pas eu les mêmes bagages que la plupart au départ de la vie et qu'ils n'aient pas pu recevoir l'aide et le soutien dont ils auraient eu besoin pour briller. 

2 commentaires so far

  1. C'est exactement pour cette histoire de "bagages" qu'il y a des associations comme l'AFEV par exemple.
    Le problème des anciennes ZEP devenues REP c'est que bien souvent on envoie de jeunes profs qui gèrent pas trop les classes quand il faudrait envoyer des profs avec de l'expérience (et en même temps quand t'as passé 20 ans dans un quartier bourgeois où personne pipe mot est-ce que t'es capable de gérer des gamins turbulents d'une ZEP ?). Et puis il y a aussi des profs qui, ZEP ou pas ZEP sont pas capables de se faire respecter, malheureusement...

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    1. Hello Melgane !

      Effectivement, à l'époque j'avais vu pas mal de profs très jeunes qui sortaient des études et qui n'étaient pas forcément "prêts" pour affronter autant d'irrespect. Le sujet est compliqué...

      A bientôt xx

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Merci pour vos petits mots !

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