vendredi 18 mai 2018

Ma sélection de lectures féministes



Depuis quelques temps, le rayon sociologie de la Fnac, et plus particulièrement celui réservé aux femmes, est devenu mon rayon préféré. Je crois que je fais leur chiffre d'affaires à moi toute seule ! Moi qui suis plutôt habituée à lire des romans, j'avais un peu peur de la transition vers les essais, mais finalement, je me suis découvert une nouvelle passion. Tout dépend évidemment des auteurs que vous choisissez, mais ceux que je vais vous présenter étaient très accessibles mais surtout, très instructifs. Et c'est tout ce qu'on aime.
Voici donc ma sélection de lectures féministes :

» La Culture du Viol, de Marlène Schiappa (aussi intitulé "Où sont les violeurs ?")


Je commence par celui qui est probablement un de mes préférés et que j'ai dévoré tout en cornant quasiment chacune des pages tellement tout était particulièrement intéressant. J'ai particulièrement apprécié cet essai pour l'angle qui a été choisi. Comme le dit très bien Marlène Schiappa, ce n'est pas un essai sur le viol, mais sur son traitement par la société. Elle y aborde également le traitement médiatique des viols de Cologne, survenus la nuit du Nouvel An 2016. 


« Ceci n'est pas un essai sur le viol, mais sur la culture du viol. Il ne s'agira pas ici de résilience, de guérir ou de se remettre, de stratégies d'évitement du viol ou de récits de viols. Il s'agit de traiter ce qui constitue une culture du viol : la façon dont le story telling, le récit et l'analyse des agressions sexuelles et des viols contribuent à les banaliser, à les justifier, à les excuser, à les moquer, voire à les érotiser et même à les encourager. »
Publié chez l'aube.

» Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale, de Titiou Lecoq

Evidemment, je ne pouvais pas ne pas mentionner Titiou Lecoq ! J'ai véritablement adoré cet essai car elle a réussi à dénoncer un certain nombre de sujets tout en gardant sa "patte humoristique" que j'aime tant : ici, le parallèle avec la fameuse chaussette de son mec qui traîne à côté du panier à linge sale. 
Comme vous le comprendrez, cet essai s'intéresse plutôt aux inégalités qui rythment nos quotidien et plus particulièrement à l'appropriation de l'espace public par les hommes, quand les femmes sont toujours contraintes à vivre dans l'espace privé qu'elles peine à quitter.

« Un jour, je me suis demandée  : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent  ? Je n’ai trouvé qu’une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c’est pour ma gueule.
Être une femme, ce n’est pas seulement l’idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c’est le souci permanent des autres et du foyer, c’est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve.  L’égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu’elles doivent s’occuper de tout et tout le monde, et d’elles en dernier, s’il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée.
Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence  : l’espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue  ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale  ? »
Publié chez Fayard.

»  King Kong Théorie, de Virginie Despentes

Lorsqu'on lit des essais féministes, on est un peu obligé de s'intéresser à King Kong Théorie. Pour ma part, il a tellement été cité dans chacun des essais que j'ai lus que j'ai évidemment eu envie de le lire. Ce livre est volontairement très provocateur, si bien que j'ai parfois dû m'arrêter de le lire pour réfléchir quelques minutes à ce qu'elle pouvait exposer. On y retrouve notamment un chapitre sur son viol et sur son expérience avec la prostitution, qui sont abordés de façon assez intéressante.

« J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés.
Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.
En racontant pour la première fois comment elle est devenue Virginie Despentes, l’auteur de Baise-moi conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie. Manifeste pour un nouveau féminisme. »

Disponible en Poche.

» Les hommes aussi s'en souviennent, de Simone Veil
Retour sur les exploits d'une Grande Dame. A lire lorsque l'on sait que les droits sont parfois trop fragiles.

« Le 26 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé au gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, présente son projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse devant l’Assemblée nationale. Les débats qui suivent révèlent à la France entière une personnalité courageuse et déterminée, défendant à la fois la dignité de la femme et l’intérêt de la nation, face à des parlementaires déchaînés, y compris dans son propre camp.
Ce discours d’une force extraordinaire, republié dans le présent ouvrage, est accompagné d’un entretien avec Annick Cojean, journaliste au Monde, qui éclaire le contexte de l’époque et mesure l’évolution des mentalités. Un livre essentiel au moment où certains tentent de remettre en cause cette loi. »

Disponible en Poche.

» Le Deuxième Sexe de la Démocratie, de Marlène Schiappa
Etant donné que j'avais beaucoup aimé La Culture du Viol, je me suis jetée sur ce second essai qui traite, cette fois-ci, à la sous-représentation des femmes en politique et aux obstacles auxquels elles doivent faire face pour espérer s'y faire une place.

« La démocratie est continuellement présentée en France et dans le monde comme le meilleur régime, le plus ­équitable, le moins misogyne. Force est de le constater : les régimes autoritaires sont rarement (jamais) des dictatures féministes contraignant les hommes à partager le pouvoir et les responsabilités familiales, à être à l’heure à la sortie de l’école, à respecter le corps des femmes dans la rue… mais plus souvent des régimes dévastateurs pour les femmes, leur refusant les droits les plus élémentaires et fondamentaux, à commencer par le premier de tous : celui d’exister. En France, l’égalité est inscrite au fronton des bâtiments publics, en préambule de notre Constitution. Pourtant, notre République française peine à faire aux femmes toute leur place. Dans ce livre, la secrétaire d’État dresse un constat sans concession et énumère une série de propositions (prévention, identification, formation, investissements, soutien) destinées à faire bouger les choses. Un essai écrit pour l’action alors que la parole des femmes se libère. »
Publié chez l'aube.

» We Should All Be Feminists, de Chimamanda Ngozi Adichie (traduit "Nous sommes tous des féministes")

Il s'agit de la retranscription d'un talk de Chimamanda Ngozi Aditchie que j'ai lu il y a bien 2 ans. Il ne fait même pas 100 pages, donc il est très facile à lire tout en étant très percutant. Je vous le recommande vivement si vous n'avez encore jamais lu d'essais féministes. Il s'agit d'un bon point de départ qui vous donnera certainement envie d'en lire davantage.

« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j’aimerais aujourd’hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. »
Chimamanda Ngozi Adichie aborde le sujet controversé du féminisme avec lucidité, éloquence et humour.
Disponible chez Folio (à 2€ ! Foncez !)


J'espère avoir réussi à vous donner envie de lire davantage ! J'ai encore quelques livres en stock, donc je serai ravie de vous en présenter d'autres si cela vous intéresse ! Je pensais notamment à vous présenter des romans qui abordent des sujets féministes car j'en ai également lu pas mal. Dites-moi !
Je commence également à épuiser mon rayon de la Fnac, donc n'hésitez pas à me recommander les livres que vous avez lu :).
  

10 commentaires so far

  1. ah j'adore Titiou Lecoq et son dernier livre est dans ma liste!

    Je ne connaissais pas le titre de Chimamanda Ngozi Adichie (j'ai entendu dire beaucoup de bien de son roman Americanah), il faut que je creuse ça!

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    1. Coucou !
      Oh trop fan de Titiou ! Fonce, il est top ! :)
      J’ai beaucoup entendu parler de Americanah, il est dans ma liste ;)

      A très vite ! xx

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  2. Merci pour cet article, c'était hyper intéressant ! Je vais me pencher sur ces essais !
    Bonne journée :)

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  3. ET "Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe" de Chimamanda Ngozi Adichie, c'est comment ?

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    1. Hello ! :)
      Aucune idée, je n'en avais pas encore entendu parler pour être honnête ! Je me le note :)

      A bientôt xx

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  4. Marlène Schiappa, c'est vraiment bien ? J'avoue que je ne la connaissais pas avant son entrée au gouvernement, et que je 'ai découvert à ce moment notamment par la presse, et que je n'ai pas une haute estime d'elle.
    Et puis j'ai surtout lu les extraits de son dernier livre dans la presse, et la façon dont elle éduque ses filles (au vu de ses extraits, il faudrait que je lise le livre en entier pour être vraiment objective) n'a rien de féministe.

    Sinon j'ai lu Simone Veil et Chimamanda Ngozi Adichie, j'i évidemment adoré, et je mets Despentes et Lecoq sur ma pile à lire !

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    1. Hello Olympe,
      Ahah effectivement, j'ai lu quelques extraits également de son dernier roman, et ça m'a aussi laissée un peu perplexe, surtout après avoir lu ses 2 essais... Pourtant son discours est vraiment différent ! Vraiment étrange !
      La Culture du Viol est vraiment pas mal !

      A bientôt xx

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