Oui, je fais du marketing

Je fais du marketing.

Voilà, c'est dit. 

L'année de mon Bac ES, j'ai énormément hésité sur la voie à emprunter, comme beaucoup de jeunes de lycéens et lycéennes. J'aimais beaucoup la psychologie et le social, car je souhaitais aider les autres, mais certainement et inconsciemment pour panser mes propres blessures. Je m'étais beaucoup renseignée et j'en avais rapidement conclu que ma personnalité "éponge" et ma fragilité ne m'auraient pas permis d'effectuer ce travail de manière saine. 

Alors j'ai cherché autre chose. Et je ne sais plus trop comment, mais je me suis retrouvée à vouloir faire du marketing et donc à m'inscrire en licence d'Economie pour accéder audit master, 3 ans plus tard. Dans le marketing, j'étais surtout attirée par la partie psychologie du consommateur ainsi que l'étude de ses comportements. J'ai d'ailleurs suivi un cours à ce sujet qui m'avait réellement passionnée ! Nous avions abordé tout le processus de prise de décision, la gestion des tensions entre des motivations opposées, l'influence des pairs ou encore la façon dont le cerveau analysait une image ou un message. J'étais contente de retrouver ce petit "pan de psychologie" à côté duquel j'étais passée.
A côté de cela, ma formation est très créative, très digitale et très tournée vers les médias, donc j'arrive à m'y épanouir. 

La même année, nous avions également eu un cours de communication qui visait à aborder toutes les critiques faites à la discipline. L'objectif était de nous mettre face à ces réalités et de faire naître chez chacun une réflexion individuelle vis-à-vis de l'accord entre notre travail et nos valeurs. Nous avions ainsi évoqué la manipulation des consomemateurs qu'induisait le marketing, la façon dont nous faisions naître des frustrations, les stéréotypes diffusés par la communication tels que ceux liés au marketing genré ou encore le fait de faire vivre à crédit pour in fine faire acheter.

Je me souviens que je m'étais tournée vers mon amie pour reconnaître qu"en fait, c'était nous les méchants...".

Jusque là, nous avions surtout abordé la théorie, ce qui nous déconnectait beaucoup de la réalité. Même si je pense que tout ceci me trottait dans la tête depuis un moment, j'avais probablement tout enfoui pour éviter d'y penser et de me poser des questions qui me feraient regretter la voie que j'avais empruntée. Du coup, cela m'avait fait un petit choc d'être mise face à cette vérité. 

Comme il s'agissait d'un cours en "petit" amphi, plusieurs personnes avaient pris la parole pour se dédouaner en disant qu'on ne "forçait pas les gens à acheter", que c'était "eux qui prenaient leur décision" ou eux qui "contractaient des crédits pour vivre au-dessus de leurs moyens". Je bouillonnais. 

2 ans après, je suis toujours en marketing et j'en serai diplômée cette année. Mon intérêt pour le féminisme, les inégalités de vie, l'environnement ou la cause animale me poussent sans cesse à remettre en question mes choix, mais j'ai heureusement eu quelques cours qui m'ont permis de  m'ouvrir l'esprit et de réaliser que le marketing n'était pas essentiellement propre aux entreprises marchandes du CAC40. Le marketing est en effet également voué à exister pour les entreprises respectueuses et solidaires ou encore les associations et organisations non marchandes. 

Malgré cela, je me lève tout de même chaque matin pour travailler dans une "grande entreprise". Car c'est difficile d'arbitrer et de refuser une "belle" entreprise sur son CV, surtout vu les temps qui courent et le secteur particulièrement bouché.

Je suis néanmoins toujours à la recherche d'un projet qui fasse sens pour moi et qui me permettra de m'épanouir. J'espère le trouver rapidement.